Supply chain : digitaliser pour rester compétitif

    Supply chain : digitaliser pour rester compétitif
    Supply chain : digitaliser pour rester compétitif

    La plupart des entreprises sont conscientes de la nécessité de digitaliser leur supply chain pour rester compétitives. Mais, devant une offre abondante de nouvelles technologies, elles ont souvent du mal à choisir et à déployer largement les plus utiles à leur métier. « Une entreprise qui ne prend pas le train de la digitalisation n’est pas certaine d’être encore compétitive dans 5 ans, affirme Selim Boughedir, directeur Smart industries du groupe WeviooLes nouvelles technologies sont des outils d’amélioration opérationnelle ».

    D’ailleurs, une grande entreprise sur deux considère la digitalisation de la supply chain comme l ’une de ses trois priorités organisationnelles, révèle une récente étude du Capgemini Research Institute, The digital supply chain’s missing link: focus. 
    « La digitalisation de la supply chain permet de gagner en fiabilité et de partager des données avec les fournisseurs, les approvisionneurs internes, les commerciaux et les professionnels des opérations. Elle donne plus de visibilité sur l’état des stocks et des prévisions, ajoute Arnaud Aymé, associé chez Sia Partners. Elle apporte également de la productivité, tous les collaborateurs pouvant consulter ou saisir des informations, et permet de faire du contrôle de données ».

    Si chacun s’accorde sur les enjeux cruciaux de la digitalisation de la supply chain, sa mise en oeuvre n’en est pas pour autant aisée. Car pour digitaliser les différents maillons de la chaîne logistique, il faut pouvoir se repérer dans une offre de technologies très abondante:  Internet des objets, informatique décisionnelle, advanced analytics et intelligence artificielle, robotique, automatisation des processus robotisés (RPA), automatisation, impression 3D, mobilité, blockchain, réalité augmentée, réalité virtuelle, etc.

     

    Une trop grande dispersion des efforts

    Les grandes entreprises ont tendance à multiplier les initiatives de digitalisation de la supply chain: selon l ’étude du Capgemini Research Institute, elles ont en moyenne 29 projets en phase de conception, de proof of concept (POC) ou en phase pilote. Mais seulement 14 % d ’entre elles arrivent à déployer un projet à grande échelle ! Justement à cause d ’une trop grande dispersion de leurs efforts. « Le proof of concept prend tout son sens dans cette ère de digitalisation. C’est dans son environnement réel que l’on arrive à découvrir les nouvelles technologies, souligne Selim Boughedir (Wevioo). Le projet est testé dans un périmètre restreint, et si le retour sur investissement est validé, l ’opérateur passe à un niveau de déploiement supérieur ».

    « Dans les achats, la digitalisation permet d ’avoir une vision à 360° des fournisseurs, de mieux suivre leur performance, précise Arnaud Aymé. La digitalisation sécurise et accélère les procédures de validation des approvisionnements.» L’étude de Capgemini liste quatre cas d ’utilisation des nouvelles technologies dans les achats et le sourcing: l ’impression 3D de pièces, les achats basés sur l ’image utilisant l’intelligence artificielle, le test virtuel de pièces et de packaging, et le traitement automatisé de la commande, ce dernier étant recommandé par les auteurs du rapport.
    « Certaines entreprises mettent en place des plateformes d ’achat partagées avec les fournisseurs, avec des références communes, complète Selim Boughedir (Wevioo). L ’un de nos clients a mis en place un outil de gestion d ’échantillonnage qui lui permet de requalifier en temps réel le niveau de fiabilité de ses fournisseurs de composants électroniques ».

     

    Le cas Daher


    En matière d ’approvisionnement, l’avionneur et équipementier Daher propose à ses clients des services logistiques et supply chain à la pointe de la technologie. En partenariat avec la start-up Authenticiti, il vient par exemple de mettre au point une plateforme d’open blockchain dédiée au secteur aéronautique. Via un simple service cloud, cette technologie offre une visibilité complète de la chaîne logistique des aérostructures, les principaux composants des aéronefs. Elle permet à toutes les parties prenantes de suivre chaque composant, du lancement de la production jusqu’à l’entreposage, en passant par le transport et la livraison. « La technologie blockchain permet de décentraliser l ’information, de garantir quelle est la même partout, explique Thomas Neveu, directeur de la business line supply chain services chez Daher. Elle contribue à fluidifier la supply chain ». Fin 2018, Daher avait également signé un accord avec Traxens pour fournir à ses clients un système de suivi intelligent de leurs matériels sensibles.
    Les nouvelles technologies facilitent les échanges d’informations entre clients et fournisseurs, mais aussi entre les différentes applications à l ’intérieur de l’entreprise. « La digitalisation actuelle nécessite une interconnexion entre les blocs que sont l’ERP, le CRM, la partie production et tout type d’application de l ’entreprise, explique Pascal Rawsin, marketing manager South Europe de Magic Software. C’est ce qu’apporte notre plateforme d’intégration Magic xpi. » Albéa group, fournisseur de packaging cosmétique, s’est doté de cette solution en 2018. « Nous avons été choisis pour apporter plus d’agilité, pour faire interagir le CRM Salesforce avec SAP. C’est souvent le point crucial, poursuit Pascal Rawsin. Nous avons redéfini ensemble leurs flux fonctionnels et identifié les points d ’achoppement. Le ROI a été très vite obtenu ».

     

    Améliorer la performance logistique

    En aval, la distribution poursuit également sa mue digitale. Les entreprises sont équipées d’un logiciel dédié, un Transport Management System (TMS). Mais l ’innovation se prolonge avec d ’autres solutions digitales comme celle de la start-up Fretlink, sur le marché du transport routier de marchandises. « Nous proposons un nouveau standard de collaboration aux donneurs d’ordres et aux transporteurs », explique Paul Guillemin, son CEO et cofondateur. Fretlink n’est pas une simple plateforme de mise en relation : son algorithme traite les données des industriels et des transporteurs de manière à optimiser les transports. L’objectif est d ’aider les transporteurs à ne pas repartir à vide et les industriels à améliorer leur performance logistique. « Nous pilotons les opérations au quotidien, mais nous pouvons aussi faire de la business intelligence, des recommandations opérationnelles à nos clients », ajoute Paul Guillemin. Le chiffre d ’affaires de Fretlink est passé de 1,2 million d ’euros en 2017 à 15 millions d ’euros en 2018. Une progression spectaculaire qui illustre tout le potentiel de la digitalisation de la supply chain. 

     

    Par LUC PERIN

    Source : The digital supply chain ’s missing link : focus, CapgeminiResearch Institute, 2018.

    Décision Achats N°411  ( Page 28-30 ) - Juin 2019